Appel à communication – Call for papers
Enseigner une pratique pour changer la vie : l’expérience ascétique
Teaching a Practice to Change Lives: The Ascetic Experience
IMC Leeds 2025
Appel à communication – Enseigner une pratique pour changer la vie : l’expérience ascétique
Date limite : 20 sept. 2024
Colloque : 7-10 juil. 2025
À la suite du 55e congrès de la Shmesp (Saint-Étienne, 23-26 mai 2024), consacré aux « modèles et expériences ascétiques dans les sociétés médiévales » et en lien avec la thématique « Worlds of learning » proposée par l’International Medieval Congress de Leeds du 7 au 10 juillet 2025, nous cherchons à approfondir la réflexion et identifier comment circulent des modèles ascétiques communs. Nous visons à explorer les questions suivantes : Comment les modèles ascétiques se transmettent-ils et s’enseignent-ils ? De quel type de science ou connaissance se réclament-ils ? Quel rôle jouent les modèles, les institutions et l’informel dans ces processus ?
Par expériences ascétiques, nous entendons les diverses modalités de contrainte sur les corps, qu’il s’agisse de pratiques, propos de vie, modèles, règles que s’imposent des individus ou collectifs (ordres religieux, congrégations, confréries, corporations, communautés et corps de tous ordres, y compris politiques), en rupture avec les normes communes ou les traditions, et qui proposent une opération de purification, de sélection, de détachement, d’exemplification, etc. Les expériences ascétiques s’expriment dans les comportements, notamment alimentaires, sexuels et vestimentaires, les modes de vie et les usages de la violence. Elles peuvent se percevoir dans les discours et l’éthique, les représentations, y compris artistiques, et le rapport à la culture écrite et au savoir, comme dans certaines formes de la culture matérielle, l’habitat, qu’il soit communautaire ou non, et l’organisation des relations entre les hommes et les femmes. Ces expériences ascétiques peuvent aussi intégrer le prophétisme, le mysticisme, le renoncement, une attente eschatologique dans certaines de ses dimensions mais ne s’y épuisent pas.
Affectant des générations, des individus, des groupes sociaux, les expériences ascétiques ne sont pas seulement une expérience personnelle, vécue individuellement ou à l’intérieur d’un groupe. Elles ont une action vers l’extérieur et peuvent se transmettre, s’enseigner et se propager. Elles peuvent susciter, entretenir ou réactiver des clivages en motivant la notion d’élection. De même, elles suscitent par leur exemplarité un phénomène d’imitation et peuvent fonder la relation de maître à disciple, d’initiateur à pratiquant. De la sorte, ce type d’expérience vécue par un individu ou un groupe s’associe avec un projet plus large de rupture et peut légitimer des projets politiques ou sociaux collectifs ou peut consolider ceux d’hommes et femmes de pouvoir. En outre, l’ascèse peut préparer à la rénovation, à la conversion, à la réforme et à la purification générales, autant de ressorts à sa propagation comme modèle. Elle peut donner lieu à une instrumentalisation et dénouer des crises. Elle est aussi une figure de la violence, de la radicalité, de l’excès. Elle peut conduire au renversement temporaire de l’ordre social, donner un pouvoir de remontrance par le renoncement à tout pouvoir. En cela, elle est un discours politique et une idéologie de rupture.
Nombre d’exemples peuvent se mobiliser, depuis les mouvements religieux informels ou structurés, depuis les discours sur la diète médicale et sur le soin de l’individu, jusqu’aux processus politiques et militaires conduisant à des renversements de régimes ou de dynasties, depuis les périphéries et le désert jusqu’aux centres urbains, ou bien dans le cadre de groupes sociaux ou sociétés politiques telles les cours princières ou ecclésiastiques, les communautés minoritaires, les aristocraties et diverses élites dominantes, les métiers, etc. Ouverte aux mondes médiévaux dans leur pluralité, la question, familière aux spécialistes du champ du religieux, concerne aussi l’histoire du politique, de l’économique, des groupes sociaux, l’archéologie, la littérature, l’anthropologie historique, etc. Elle est susceptible d’être traitée avec les sources les plus diverses (hagiographiques, théologiques, ecclésiologiques, littéraires, matérielles, diplomatiques, iconographiques, etc.).
Les propositions de communications (en 300 mots maximum et en anglais) sont à transmettre avant le 20 septembre par ce formulaire dédié Framaforms (https://framaforms.org/cfp-enseigner-une-pratique-pour-changer-la-vie-lexperience-ascetique-shmespimc-leeds-2025-date). Les propositions seront évaluées sur la pertinence par rapport au thème, l’originalité et la rigueur méthodologique. On privilégiera les communications qui mettront en rapport la nature de l’expérience ascétique et ses modalités de de diffusion.
La ou les sessions organisées par la SHMESP seront ensuite proposées de façon groupée et soumis à l’acceptation par le comité de programmation de l’IMC. L’acceptation sera notifiée en novembre ou début décembre 2024.
Avec l’encouragement de l’IMC de Leeds, la Shmesp assurera un soutien financier partiel à ses membres.
Call for papers – Teaching a Practice to Change Lives: The Ascetic Experience
Submission deadline: 20 Sept. 2024
Conference: 7-10 July 2025
Following the 55th Shmesp Congress (Saint-Étienne, 23-26 May 2024) dedicated to « Ascetic Models and Experiences in Medieval Societies » and in connection with the theme « Worlds of Learning » proposed by the International Medieval Congress in Leeds in 2025, we seek to deepen the reflection and identify how common ascetic models circulate, how they are taught and propagated, what type of science or knowledge they claim, apart from the school and university and their discourse, and, in doing so, what role the informal, the model, and the institutional play.
By ascetic experiences, we refer to the various modes of constraint on bodies, whether through practices, ways of life, models, or rules that individuals or collectives (religious orders, congregations, confraternities, guilds, communities, and bodies of all kinds, including political ones) impose upon themselves, breaking away from common norms or traditions, and proposing a process of purification, selection, detachment, exemplification, etc. Ascetic experiences manifest in behaviours, particularly dietary, sexual, and clothing-related, as well as lifestyles and uses of violence. They can be perceived in discourses and ethics, representations, including artistic ones, and the relationship to written culture and knowledge, certain forms of material culture, housing, whether communal or not, and the relations between men and women. These ascetic experiences may also encompass prophecy, mysticism, renunciation, and eschatological expectation in some of its dimensions but are not limited to them.
As they affect generations, individuals, and social groups, ascetic experiences are not merely personal experiences lived individually or within a group. They have an outward impact and can be transmitted, taught, and propagated. They can inspire, sustain, or reactivate divisions by motivating the notion of election. Likewise, they inspire imitation through their exemplarity and can establish the relationship between master and disciple, initiator and practitioner. In this way, such experiences lived by an individual or group align with a broader project of rupture and can legitimise collective political or social projects or consolidate those of people in power.
Moreover, asceticism can prepare for renewal, conversion, reform, and general purification, all of which contribute to its propagation as a model. It can be instrumentalised and resolve crises. It is also a figure of violence, radicality, and excess. It can lead to the temporary overthrow of social order, provide a power of remonstration through the renunciation of all power. In this sense, it is a political discourse and an ideology of rupture.
Many examples can be mobilised, from informal or structured religious movements, from discourses on medical diet and individual care, to political and military processes leading to the overthrow of regimes or dynasties, from the peripheries and the desert to urban centres, or within the framework of social groups or political societies such as princely or ecclesiastical courts, minority communities, aristocracies and various dominant elites, professions, etc.
Open to the plurality of medieval worlds, the question, familiar to specialists in the field of religion, also concerns the history of politics, economics, social groups, archaeology, literature, historical anthropology, etc. It can be addressed using the most diverse sources (hagiographic, theological, ecclesiological, literary, material, diplomatic, iconographic, etc.).
Proposals for papers (maximum 300 words, in English) should be submitted by September 20 via this dedicated Framaforms link: https://framaforms.org/cfp-enseigner-une-pratique-pour-changer-la-vie-lexperience-ascetique-shmespimc-leeds-2025-date. Proposals will be evaluated based on their relevance to the theme, originality, and methodological rigor. Preference will be given to submissions that relate the nature of the ascetic experience to its modes of dissemination.
The session(s) organized by SHMESP will then be proposed as a group and submitted for approval by the IMC programming committee. Acceptance will be notified in November or early December 2024.
With the encouragement of the IMC in Leeds, Shmesp will provide partial financial support to its members.