Décès de Pierre Racine (3 sept. 1925 – 9 oct. 2021)

Nous avons eu la tristesse d’apprendre la disparition de Pierre Racine, professeur émérite à l’Université de Strasbourg. Vous trouverez ci-dessous le texte que lui a consacré Damien Coulon.

Spécialiste de l’histoire des villes d’Italie du Nord du Xe au XIVe siècle, Pierre Racine avait effectué ses études de lycéen à Dijon, sa ville natale, puis était passé à la résistance en juillet 1944. Il devait par la suite rester profondément marqué par le second conflit mondial, qu’il évoquait peu, mais toujours avec rectitude et une pointe d’émotion. La guerre terminée, il hésite un temps entre une formation en arts dramatiques ou en histoire, mais opte finalement pour la seconde après une année de khâgne au lycée Henri IV. Il poursuit ainsi ses études aux facultés de lettres de Dijon, puis de Strasbourg où il obtient l’agrégation.

Encouragé par Yves Renouard, il entreprend dès 1962 des recherches sur la ville de Plaisance et soutient sa thèse de doctorat d’État, Plaisance, du Xe à la fin du XIIIe siècle. Essai d’histoire urbaine, à l’Université de Paris 1 en 1977 (publiée en 1979). Dans cette vaste synthèse, Pierre Racine reconstitue avec vigueur le tissu social de la ville et son évolution au cours des quatre siècles considérés, retraçant en particulier le glissement progressif du pouvoir des mains d’une aristocratie aux assises foncières établies dans le contado, aux hommes d’affaires qui s’intéressent également aux campagnes environnantes et à leurs productions. Il resta par la suite toujours attaché à Plaisance, dont il devint citoyen d’honneur en 1984, puis édita en 1995 les actes du colloque Piacenza e la prima Crociata.

Auparavant, Pierre Racine avait entamé parallèlement une active carrière d’enseignant, d’abord au lycée français et à l’Institut Français de Fribourg-en-Brisgau, entre 1951 et 1967, avant de devenir assistant en histoire médiévale à l’Université de Strasbourg. Il poursuivit ensuite sa carrière en tant que professeur, d’abord à l’Université de Metz, à partir de 1974, puis de Strasbourg entre 1983 et 1994, date à laquelle il fit valoir ses droits à la retraite.

Pierre Racine est aussi l’auteur de très nombreux articles portant entre autres sur l’économie et la société des villes d’Italie du Nord, publiés dans des revues notamment françaises et italiennes, ainsi que dans le cadre des congrès de la SHMESP dont il fut un participant assidu. Dans l’un d’eux, paru en 1999, il a également porté un regard critique sur la figure très controversée de Hermann Heimpel, historien nazi ayant enseigné à la Reichsuniversität de Strasbourg entre 1941 et 1945, puis fondateur de l’Institut Max Planck d’histoire à Göttingen.

Retiré de la vie universitaire, Pierre Racine a consacré inlassablement son énergie à rédiger de nouveaux ouvrages parmi lesquels Marco Polo et ses voyages (2012) et Laurent le Magnifique : 1449-1492. Un prince italien de la Renaissance (2015). Bien que diminué, il travaillait encore au cours de ses dernières années à une ultime étude sur la fabrication de la soie en Italie au Moyen Âge.

La SHMESP adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.