Être historien du Moyen Âge au XXIe siècle

XXXVIIIe congrès (Île-de-France, 2007)

Paris, Publications de la Sorbonne, 2008

Disponible en ligne à l’adresse suivante : https://www.persee.fr/issue/shmes_1261-9078_2008_act_38_1.

 

Les chercheurs en sciences humaines et sociales s’interrogent depuis une vingtaine d’années sur leurs disciplines et leurs pratiques. L’histoire médiévale n’échappe pas à ce phénomène, même si, contrairement à l’Allemagne, l’historiographie française a davantage produit des bilans qu’une réelle réflexion sur les institutions, les acteurs de la recherche et les pratiques. Ce questionnement épistémologique, qui est au cœur du XXXVIIIe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, dépasse toutefois les seuls professionnels de l’Histoire, puisqu’il s’agit de réfléchir à ce que représente le Moyen Âge aujourd’hui : la demande sociale envers les médiévistes est plus forte que jamais et se nourrit à la fois du succès de mondes imaginaires, qui s’inspirent ouvertement de lui, et de la recherche d’une identité locale dans un passé millénaire.

L’émergence de nouvelles modalités d’élaboration du savoir, en particulier par le décloisonnement des disciplines – les relations entre archéologie et histoire des textes, entre histoire médiévale et littérature, géographie et sciences sociales – tout comme l’examen des formes de sa diffusion – comment enseigner l’histoire médiévale ? – sont autant de défis pour les médiévistes du XXIe siècle.

Par ailleurs, les bouleversements provoqués par la révolution numérique touchent directement le travail des historiens. Plusieurs contributions offrent un regard neuf sur les mutations déjà à l’œuvre dans les pratiques en raison de l’informatisation, de la numérisation et de l’utilisation d’Internet : quelles sont les nouvelles relations entre les médiévistes et l’image à l’époque de l’écran global ? Quels sont les enjeux du tournant numérique dans l’édition et l’étude des textes manuscrits ?

Les organisateurs ont voulu mener ces réflexions non dans le seul cadre national, mais en associant à leurs travaux les représentants d’autres sociétés de médiévistes venus d’Europe, mais aussi d’Amérique latine, avec lesquels plusieurs établissements d’enseignement supérieur et de recherches ont tissé des liens forts depuis de nombreuses d’années. En effet, le Moyen Âge n’est nullement la « propriété » de la vieille Europe, bien qu’il soit pour elle une référence identitaire évidente.

 

 

Table des matières

Régine Le Jan, Avant-Propos

Jean-Philippe Genet, Être médiéviste au XXIe siècle

L’histoire médiévale à l’échelle du monde

Klaus Oschema, Les Europes des médiévistes. Remarques sur la construction d’une identité entre science historique et actualité politique

Françoise Micheau, Annliese Nef, Dominique Valérian, Vanessa Van Renterghem, Les étudiants et l’histoire de l’Islam médiéval. Réflexions autour d’une enquête

Eliana Magnani, Néri de Barros Almeida, Paola Corti Badia, Ariel Guiance, Mário Jorge Da Motta Bastos, Maria-Cristina Pereira, Luís Rojas Donat, Marcelo Cândido Da Silva, Être historien du Moyen Âge en Amérique latine au début du XXIe siècle : enquête

Archéologues et historiens des textes

Joëlle Burnouf, Corinne Beck, Marie-Christine Bailly-Maitre, Fabrice Guizard-Duchamp, François Duceppe-Lamarre, Aline Durand, Carole Puig, Société, milieux, ressources : un nouveau paradigme pour les médiévistes

Isabelle Cartron, Luc Bourgeois, Archéologie et histoire du Moyen Âge en France : du dialogue entre disciplines aux pratiques universitaires

L’histoire du Moyen Âge et les sciences humaines et sociales

Marie Bouhaïk-Gironès, L’historien face à la littérature : à qui appartiennent les sources littéraires médiévales ?

Nacima Baron, Stéphane Boissellier, Sociétés médiévales et approches géographiques : un dialogue de sourds ?

Nicolas Offenstadt, L’“histoire politique” de la fin du Moyen Âge. Quelques discussions

Jean-Patrice Boudet, Nicolas Weill-Parot, Être historien des sciences et de la magie médiévales aujourd’hui : apports et limites des sciences sociales

Les historiens médiévistes face aux défis contemporains

Hannelore Pepke-Durix, De Cîteaux à Cluny. La place des médiévistes entre institutions scientifiques, aventure associative et politique régionale en Bourgogne

Bruno Galland, Des médiévistes dans les archives : Est-ce utile ? Est-ce nécessaire ?

Jérome Baschet, Dominique Rigaux, Le médiéviste et les images à l’ère de l’écran global

Paul Bertrand, Margorie Burghart, Anne-Marie Eddé, Anita Guerreau, Olivier Guyotjeannin, Aude Mairey, L’historien médiéviste et la pratique des textes : les enjeux du tournant numérique

The Role of the Historian from the Middle Ages to the 21st Century:
38th Congress (Ile de France 2007)

 

In the last twenty years, scholars working in the Human and Social Sciences have been taking a close look at their disciplines and their practices. Medieval History has also come under scrutiny, even if, unlike what has happened in Germany, French Historiography’ has been content to produce assessments, rather than making a close examination of the institutions, the scholars and the practices involved in historical research. This epistemological questioning, which is at the heart of the 38th Congress of the SHMESP, is not only of interest to the professional scholar. We need to look at what the Middle Ages represent for our time. More than ever there is a demand from society that scholars need to respond to. It comes from the success of works of the imagination which are openly inspired by the Middle Ages as well from the quest for identity in the distant past on the local level.

In the 21st Century, Medieval scholars face a number of new challenges. There is the emergence of new ways of constructing knowledge, in particular by the comparative method – the relationship between Archaeology and Textual History, between Medieval History and Literature, between Geography and Social Sciences as well as the examination of forms and their dissemination. All these need to be taken into consideration when we consider how to teach Medieval History.

Furthermore, the work of Medieval Historians has been transformed by the digital revolution. Several papers take a new look at the changes that are already taking place in the way of working of the historians. They examen the effects of computerization, digitization and the use of the internet: how do Medieval Scholars relate to the image in the age of the Global Screen? How does digitization effect the publication and study of manuscript texts?  

The organizers did not wish to limit our work to confines of one country. Therefore, they invited representatives from other associations of Medieval Scholars coming from Europe and from Latin America with which several institutions of higher education and research have had links for some time. In fact, the Middle Ages are far from being the exclusive property of Old Europe, even if they are very much a source of its identity

Régine le Jan, Preliminary Remarks

Jean-Philippe Genet, The Medieval Historian in the 21st Century

Medieval History on the Global Scale

Klaus Oschema, The Various Europes of the Medieval Historians. Remarks on the Construction of an Identity between the Science of History and the Politics of Current Affairs 

Françoise Micheau, Annliese Nef, Dominique Valérien, Vanessa van Renterghem, Students and the History of Medieval Islam. About an Investigation 

Eliana Magnani, Néri de Barros Almeida, Paolo Corti Badia, Ariel Guiance, Mário Jorge Da Motta Bastos, Maria-Cristina Pereira, Luis Rojas Donat, Marcelo Candido Da Silva, Being a Medieval Historian in Latin America at the Beginning of the 21st Century: An Investigation

Archaeologists and Historians of Texts

Joëlle Burnouf, Corinne Beck, Marie-Christine Bailly-Maitre, Fabrice Guizard-Duchamp, François Duceppe-Lamarre, Aline Durand, Carole Puig, Society, Milieu, Resources: A New Paradigm for the Medieval Historians

Isabelle Carton and Luc Bourgeois, Archaeology and the History of the Middle Ages in France: From the Dialogue between Disciplines to University Practices 

The History of the Middle Ages and the Human and Social Sciences

Marie Bouhaïk-Gironès, The Historian and Literature: Who Owns the Medieval Literary Sources?

Nacima Baron, Stéphane Boissellier, Medieval Society and the Geographical Approach: Mutual Incomprehension?

Nicolas Offenstadt, “Political History” at the End of the Middle Ages. A conversation

Jean-Patrice Boudet, Nicolas Weill-Parot, Being a Historian of Science and of Medieval Magic in the Present Time: Contributions and Limits of the Social Sciences. 

Medieval Historians and the Challenges of the Present

Hannelore Pepke-Durix, From Cîteaux to Cluny: The Place of Medieval Scholars between Scientific Institutions, Community and Regional Politics in Burgundy 

Bruno Galland, Medieval Scholars in the Archives: Is this Useful? Or Necessary?

Jérome Baschet and Dominique Rigaux, Medieval Scholars and the Image in the Age of the Global Screen

Paul Bertrand, Marjorie Burghart, Anne-Marie Eddé, Anita Guerreau, Olivier Guyotjeannin and Aude Mairey, The Medieval Historian and the Text: The Challenges of the Switch to Digital