XLVe congrès de la Shmesp – Lorraine, 22-25 mai 2014
Apprendre, produire, se conduire : le modèle au Moyen Âge
Argumentaire
Le thème proposé par l’Université de Lorraine pour le congrès de la SHMESP en 2014 a pour objet la place du modèle dans la transmission médiévale des savoirs, des pratiques et des comportements, qu’il s’agisse des connaissances intellectuelles, des savoir-faire dans la production des objets, des normes de comportement ou encore des modèles de vie religieuse. Dans ces différents champs, la question du modèle apparaît comme un prisme de l’enquête historique, dans le sens où la transmission des savoirs s’appuie très largement et concurremment sur l’exemplarité et sur la reproduction. Le modèle peut être une personne éminente ou exceptionnelle, la synthèse d’un ensemble d’observations et d’expériences, qui permettent à un individu ou un groupe de construire son savoir, son savoir-faire ou son savoir-être. Le geste, l’image, la parole, l’écrit apparaissent donc comme autant de supports de la transmission. Ce thème permettra à des spécialistes de champs très divers de s’interroger sur la diffusion des normes et des savoirs théoriques et pratiques, de la reproduction à l’adaptation, en s’appuyant sur l’origine et la place du modèle dans l’héritage, la tradition ou la diffusion. Il sera également fructueux de s’interroger sur les espaces de diffusion du modèle et sur les freins éventuels à cette diffusion (frontières politiques, culturelles, linguistiques par exemple). En contrepoint, les questions relatives à l’innovation, au renouvellement générationnel, à la transgression des modèles, voire à leur rejet, pourront aussi retenir l’attention.
Parmi les voies d’approche, trois axes se dégagent :
Dans le domaine de l’étude des comportements, la notion de modèle se double de la notion d’exemplarité : celle-ci est particulièrement visible dans la figure du bon évêque ou du bon prince, ou encore dans la diffusion des modèles hagiographiques, spéculaires ou tropologiques (éthique philosophique, allégorie, littérature des exempla, consolations, etc.). Les travaux récents sur les milieux curiaux et scolaires, mais, aussi, monastiques et soufis, ont également mis en évidence l’importance du modèle du maître dans la transmission des savoirs, y compris la perpétuation de certaines formes de charisme. Les recommandations dispensées dans les ouvrages didactiques soulignent aussi le rôle du modèle dans la transmission des normes de conduite morale ou sociale.
À propos de l’histoire de l’art, de la culture matérielle, de l’enquête archéologique, cette perspective peut mener à s’interroger sur les modalités et les supports de la transmission des savoir-faire et des objets. Elle peut aussi conduire à mettre en évidence la place du modèle et celle du patron dans la production : il peut s’agir d’un geste, d’une époque (par exemple la réception de l’antique) ou d’une l’image que l’on imite, mais aussi d’objets spécifiques qui peuvent faire fonction de prototype, parfois en vue d’une répétition presque mécanisée. Les objets peuvent aussi servir de supports pour le transfert géographique d’un savoir-faire ou d’une iconographie (textiles, céramiques…).
La question du modèle permet d’éclairer l’étude des pratiques administratives et de gouvernement. Ainsi, la formation des administrateurs par imitation contribue à expliquer le caractère relativement homogène des écritures ou la persistance des usages. La question inclut plus largement encore, le transfert des modèles de pouvoir (rituels, étiquette…).
La littérature, spirituelle, morale, historique ou romanesque, comme les textes philosophiques, juridiques ou scientifiques véhiculent des modèles ou se réclament d’autorités suivies plus ou moins fidèlement.
À leur tour, ces œuvres, ces productions, ces comportements ont souvent une influence qui assure la diffusion renouvelée de certains modèles.
Programme du congrès
Cliquez pour télécharger !